Psychologie du développement
Psychologie
Etude scientifique de l'évolution de l'individu jusqu'à la maturité, et parfois jusqu'à la mort, sur les plans cognitifs et affectifs et de la personnalité, ainsi que leurs différences interindividuelles et de leurs anomalies.
Fortement corrélée au développement des techniques psychométriques, la psychologie du développement se distingue: 1) de la psychologie de l'enfant, même si ses modèles restent prégnants, à la fois parce que l'enfant est défini de façon variable selon les cultures et les époques, et parce que l'enfance n'est qu'un moment du développement; 2) de la psychologie "génétique", au moins au sens (chez Piaget) d'une stabilisation et d'une intégration structurale progressive de schémas intellectuels, parce qu'il y manque une dimension psychobiologique de l'évolution vers la maturité (selon Wallon). Le défi est donc triple: pondérer les facteurs internes et externes, dissocier la temporalité de la genèse du mental et celle de la maturation du corps, et enfin, éviter d'imposer la norme de l'adulte (d'où les efforts récents pour faire de la vie entière l'index du développement), ou celle, plus diffuse, de la culture (notamment de la culture techno-scientifique qui tend à aligner les normes sur ses propres idéaux instrumentaux du développement socio-économique).
La psychologie différentielle du développement a pour objet privilégié la mesure par des tests du développement de l'intelligence: soit par la méthode de Binet (qui repose sur l'âge mental), soit par celle de Weschler (qui repose sur la distribution moyenne des performances). Les styles d'acquisition, moins normatifs, sont moins explorés. La raison en est la sollicitation sociale en vue de traiter les pathologies et anomalies du développement (de la prise en charge des arriérés à la sélection des surdoués). La théorie des stades, influencé par la psychanalyse, vaut ainsi d'abord par les "fixations" qu'elle caractérise; il est plus difficile de la justifier en elle-même sans être suspecté de découper des phases arbitraires dans un continuum. En revanche, par opposition au béhaviorisme, l'approche développementale est dynamique.
L'acquisition du langage est la pierre d'achoppement des théories qui recherchent un continuum biopsychologique du développement: déjà Rousseau avait montré que la double supposition d'un primat de la sensibilité et d'une perfectibilité échoue à réduire notre intuition discordante d'un saut qualitatif quand l'enfant parle. Les "enfants sauvages" (tel Victor, recueilli par Itard) confirment empiriquement la complexité des conditions de ce saut. Wallon, chez qui le point de vue psychomoteur domine, n'a qu'une solution dialectique à l'intégration du langage public conventionnel sur la base d'esquisses sémantiques privées. Quant à Piaget, sans même souligner (comme Vitgostsky) la fragilité de son idée d'un "langage égocentrique de l'enfant" préalable au langage social, la succession de ses "stades" est toujours suspecte de projeter dans un développement mental interne les réponses aux sollicitations du monde symbolico-social des adultes parlants.
Enfance, Rousseau, psychanalyse.
Bideaud J., Houdé, O. et Pédinielli J.-L., L'homme en développement, Paris, 1993.