Sentiment

Psychologie, éthique

Relation de la personnalité à ses vécus affectifs et à soi-même à l'occasion de ces vécus.

C'est par les sentiments qu'on appréhende, en psychologie sociale, de façon informelle, l'incidence des valeurs (morales et esthétiques). On les suppose nécessaires à la stabilité, voire l'inertie des conduites, et ce indépendamment des cognitions associées. Comme il est difficile d'isoler un sentiment de sa couleur plaisante ou désagréable, un point de vue naturaliste tend à y voir une sorte d'élan primitif qui explique causalement l'orientation vers les valeurs (celles-ci n'étant que des descriptions du but rationalisées a posteriori). Or un sentiment est toujours sentiment "de" quelque chose ou "pour" quelqu'un. C'est donc par abstraction qu'on isole la poussée du sentiment de son objet intentionnel.

En psychopathologie, la dépersonnalisation a été tenue pour exemplaire: elle prouve que la sphère du ressenti déborde celle du moi conscient de soi.

Les sentiments soulèvent la question de savoir si, de la "couleur" d'un état mental, on peut inférer sa "texture"; et comme on en juge toujours à partir d'une théorie de l'esprit et du corps; ils ne peuvent servir à évaluer ces théories.

Emotion

Ribot T., La psychologie des sentiments, Paris, 1896.