Chronologie et bibliographie sélective de la névrose obsessionnelle aux TOC, avec les troubles apparentés (neurasthénie, syndromes anxieux, Gilles de la Tourette, etc.)

1. Des origines à 1959

(2. De 1960 à 2011)

Evénements marquants et principales publications concernant leur nosologie et leur thérapeutique, avec les textes littéraires, théologiques, philosophiques et sociologiques en relation avec la physiologie et la psychologie de ces troubles.

Les liens sur les noms propres apparaissent en général à leur première mention. Les livres en français sans mention spéciale de lieu d'édition sont édités à Paris.

Sur le contexte de la théorie générale des névroses de 1870 à 1914, cf. ma Chronologie et bibliographie historique de La Querelle de l'hystérie.

vers 370 avant J.-C.

 

Mort d'Hippocrate de Cos, qui laisse notamment, dans Maladies II, 72 (original grec in Littré VII, p.108-109), une description de l'angoisse morbide, phrontis (hypocondrie, mélancolie délirante?).

 

319 avant J.-C.

Théophraste, Les caractères : De la superstition évoque divers symptômes caractéristiques (angoisses de contamination, rituels de lavages, vérifications, pensée magique, sentiment d’échec dans toute action, esprit de rétention et hypersensibilité à la dette, etc.).

environ 100 après J.-C.

Plutarque, "De la superstition", Moralia II, 14: peinture plus psychologique de l'état mental du superstitieux, où l'angoisse est plus évidente (original en grec, traduction d'Amyot).

vers 370

Athanase d'Alexandrie compose la Vie d'Antoine, exposé apologétique des principes et des origines du premier monachisme égyptien.

399

Mort d'Evagre du Pont, né en 345, théologien du premier monachisme dont l'Antirrhetikos rassemble des formules tirées des Pères et des Ecritures pour lutter contre les "mauvaises pensées" (logismoi) qui assaillent le solitaire; elles sont discutées dans Sur les Pensées qui contient aussi la première théorie de l'acédie.

vers 418

Pallade de Galatie compose l'Histoire lausiaque, recueil d'anecdotes édifiantes sur les anachorètes égyptiens et les Pères du désert.

430

Mort d'Augustin d'Hippone, dont la doctrine de la volonté et de la concupiscence et du conflit intérieur marquera durablement l'histoire des obsessions dans l'église latine (par opposition à son peu de poids chez les orthodoxes). Voir notamment les Confessions VIII, 3 et suiv., ainsi que La Cité de Dieu, vaste critique des superstitions gréco-latines, et théorie générale du conflit entre libido et voluntas dans le cadre du péché originel, notamment dans le livre XIV.

432

Mort de Jean Cassien, né en 350, éminent théologien monastique théorise l'acédie et son remède, le travail manuel, dans le chapitre 10 des Institutions cénobitiques. Acédie est traduit en latin par "taedium" et "anxietas cordis".

vers 600-700 après J.-C.

Dans L'Echelle sainte, Jean Climaque décrit au 23ème degré les "inexplicables pensées de blasphème", et maintient fermement qu'il ne faut pas s'en juger coupable, c'est le démon qui en est la cause.

vers 900 après J.-C.

Dans son traité de médecine mentale, Najab al-Din Unhammad (870-925), de Samarcande, décrit le "murrae souda", à base d'anxiété, de doute, d'obsessions et de compulsions. Il l'impute à un excès d'intérêt pour la philosophie et la jurisprudence.

 

1215

Le 4ème concile de Latran institue, dans le décret n°21, la confession annuelle obligatoire: acte de naissance de la culture occidentale de la culpabilité et de l’aveu.

1266

Dans la Somme théologique, Thomas d'Aquin consacre la quaestio 35 (IIa pars, II) à l'acédie. Voir aussi les analyses du blasphème contre l'esprit saint, et du don de la crainte de Dieu.

1405

Jean Charlier, dit Gerson (1363-1429), De remediis contra pusillanimitatem: traité dédié aux scrupules de conscience et qui existe aussi en français. La notion de "scrupule" prend son sens théologique.

1436

Dans la dernière partie de son récit autobiographique, le premier en langue anglaise, The Book of Margery Kempe, la mystique décrit le détail de ses obsessions religieuses.

1477

Edition de la Summa theologica moralis d’Antonin de Florence (1389-1459), à Venise, laquelle contient une description détaillée du scrupule de conscience (Ia pars, tit. 4, capit. 10, §§ 9-10) qui inspirera la théologie morale ultérieure.

1486

Le Malleus Maleficarum de Heinrich Kramer et, peut-être, Jacob Sprenger, dans l’édition de Cologne, mentionne l’exécution d’un religieux qui proférait des insultes et avait toutes sortes de gestes violents et imprévisibles, pour « possession diabolique » ; ce serait le plus ancien cas répertorié de maladie de Gilles de la Tourette.

1494

Près de cinquante ans après sa mort, on publie à Paris, de l'inquisiteur Jean Nider, le Consolatorium timorate conscientiae, où la scrupulosité est surtout imputée aux femmes.

1505

Martin Luther entre à 22 ans au couvent des Augustins, à Erfurt. Les Propos de table racontent les crises intenses de scrupules et d'angoisses paroxystiques qu'il y a connu, jusqu'à la période de Wittemberg et sa réflexion sur les lettres de Paul, en 1513.

1525

Luther fait paraître le De servo arbitrio en réponse à Erasme.

1548

Approbation des Exercices spirituels d'Ignace de Loyola, avec les règles sur les scrupules (345-351)..

1553

Ignace de Loyola commence son Récit du pélerin à Louis Gonçalvès da Câmara (jusqu’en 1555), où sont exposés en détail les épisodes de doute anxieux rencontrés dans ses efforts de « confession générale ».

1559

Jean Calvin publie les Institutions de la religion chrétienne.

1565

Le concile de Valence édicte pour la première fois l'obligation d'édifier des confessionaux dans les églises, surtout pour les femmes, semble-t-il.

1567

Dans son traité Von den Krankheiten so die Vernunfft Berauben, publié à Bâle, Paracelse distingue une classe des "obsessi", obsédés/possédés par le démon, au sein de la catégorie générale de la mélancolie qu'il attribue à un vice inné de la nature de la raison.

1580

Bartolome de Medina, dominicain et professeur de théologie à Salamanque, publie la Breve instrucción de como se ha de administrar el sacramento de la penitenza sive Summa de casos de conciencie (édition latine à Venise en 1601), qui fonde le probabilisme comme remède moral aux scrupules de conscience.

1583

Les règles pastorales édictées à Milan par Charles Borromée fixent le cadre des "confessions générales" en accord avec le catéchisme tridentin.

1606

Shakespeare compose MacBeth, où l’on relève un scène de lavage des mains compulsif évocatrice du symptôme obsessionnel (acte V, scène 1).

1621

Robert Burton publie The Anatomy of Melancholy, laquelle contient d'innombrables descriptions des futurs troubles anxieux, obsessionnels, hyponcondriaques, etc.

1653

Jean-Joseph Surin expose son expérience à Loudun dans Le Triomphe de l'amour divin sur les puissances de l'Enfer et Science expérimentale des choses de l'autre vie: ces textes sont un des témoignages les plus spectaculaires du phénomène scrupule de conscience, aux limites de la mélancolie.

1656

Pascal commence à publier les Provinciales (jusqu’en 1657); ce pamphlet amorce le retour en force des positions rigoristes en théologie morale, contre le laxisme jésuite en matière de scrupules de conscience.

1660

Jeremy Taylor publie le Ductor Dubitantium, of The Rule of Conscience in all her General Measures; Serving as a great Instrument for the determination of Cases of Conscience, traité théologique d'inspiration puritaine, qui veurt remédier aux scrupules excessifs.

1666

L'autobiographie de John Bunyan, Grace Abounding to the Chief of Sinners offre un tableau exceptionnel de sa vie, de son enfance, de ses obsessions et compulsions, de l'angoisse de l'incroyance et de la lutte anxieuse contre le blasphème et de ses accès de mélancolie auto-accusatrice.

1678

Dans un brouillon de lettre au comte de Pembroke, Locke élabore une conception de l'inquiétude de la conscience étendue aux doutes et aux scrupules envahissants.

1682

John Bunyan publie The Holy War, vaste tableau allégorique des combats intérieurs de l'âme puritaine.

 

1683

Hannah Allen publie son autobiographie spirituelle, symétrique féminin de l'expérience de Bunyan: Satan his Methods and Malice Baffled. A narrative of God's gracious dealings with that choice Christian Mrs. Hannah Allen, John Wallis, Londres. Elle aurait souhaité l'aide spirituelle de Richard Baxter.

1688

Mort de John Bunyan (né en 1628).

1690

Le Dictionnaire de Furetière donne trois sens à "obséder", celui d'être "assiégé au-dehors" par les démons, celui se se rendre maître de l'esprit de quelqu'un, et celui de l'importuner.

1691

Mort de George Fox (né en 1624), fondateur des Quakers; son journal, publié en 1694, est un témoignage admirable de la culture de la conscience scrupuleuse dans la religiosité protestante du temps. Voir aussi, de Timothy Rogers, A Discourse Concerning Trouble of Mind and the Disease of Melancholy: une autobiographie exemplaire d'une mélancolie religieuse.

1692

John Moore publie Of Religious Melancholy, Londres, 1692: y sont décrites en détail des souffrances morales comparables à celles de Bunyan.

1694

John Sharp, l'archevêque de York, et George Tully publient respectivement The Government of Thoughts et A Discourse on the Government of Thoughts, qui abordent la question des scrupules de conscience dans la suite de Moore.

1697

Colomban Gillotte publie Le Directeur des consciences scrupuleuses, examinant tous leurs scrupules, & enseignant la maniere de les guérir, selon la doctrine de Gerson, des théologiens, & des Peres de la Vie spirituelle : manuel d’un théologien franciscain constamment réédité jusqu’en 1753 (dernière édition chez François Delaguette).

1717

Jacques-Joseph Duguet, Traitté des scrupules. De leurs causes, de leurs espèces, de leurs suites dangereuses, de leurs remèdes généraux & particuliers, chez Jacques Etienne.

Robert Blakeway, An Essay towards the Cure of Religious Melancholy, in a Letter to a Gentlewoman Afflicted with it, Bezaleel Creake, Londres: conseils à une obsédée.

1724

Daniel Turner, dans la deuxième édition de Syphilis: a Practical Dissertation on the Venereal Disease, chez Bonwicke, à Londres, p.96-102 décrit le premier cas de syphilophobie.

 

1733

George Cheyne met en circulation l'idée de l'"English malady", à partir de son propre cas, dans The English Malady: Or, a Treatise of Nervous Diseases of all Kinds, as Spleen, Vapours, Lowness of Spirits, Hypochondriacal, and Hysterical Distempers, Strahan, Londres, qui préfigure nettement par ses symptômes et son étiologie le concept futur de neurasthénie (causée par le progrès de la civilisation et atteignant surtout l'élite).

1749

David Hartley, le père de l'associationnisme, note dans ses Observations on Man, His Frame, His Duty, and His Expectations, Leake & Frederick, Bath, qu'il a été lui-même sujet à des pensées obsessionnelles.

1753

De Giovanni Baptista Scaramelli, important théologien jésuite de la perfection et de la grâce, est publié à titre posthume le Direttorio ascetico in cui s' insegna il modo di condurre l'Anime per vie ordinarie della grazia alla perfezione christiana, indirizzato ai direttori della Anime, à Naples, un manuel à l'usage des directeurs de conscience, qui discute des scrupules. Une traduction anglaise de 1870-1871, The Directorium Asceticum, préfacée par le Cardinal Manning, a été publiée par Eyre, Dublin et Londres; elle est souvent citée dans la littérature anglophone sur les obsessions.

 

1765

L'Encyclopédie de D'Alembert et Diderot, parution du vol. XIV, qui contient l'article "Scrupule" (p.815).

 

1784

Mort de Samuel Johnson (né en 1709). Admirateur de Bunyan, atteint d'obsessions et vraisemblablement aussi de la maladie de Gilles de la Tourette, il avait manifesté de l’incoordination motrice et des grimaces à 7 ans, à 10 ans de la coprolalie et des grognements, et présentait des rituels de vérification.

1787

Mort d’Alphonse de Liguori (né en 1696), lui-même « scrupuleux », auteur en 1765 du Dell'uso moderato dell'opinione probabile qui est considéré comme la réponse catholique orthodoxe au rigorisme janséniste.

1809

John Haslam fait paraître les Observations on Madness and Melancholy: Including Practical Remarks on Those Diseases; Together with Causes and Account of the Morbid Appearances on Dissection, Callows, Londres: contient un tableau schématique de la névrose obsessionnelle, dans le cadre de la mélancolie religieuse; dans la seconde édition de son traité de 1798, il refuse d'incriminer la religion en tant que cause.

1825

Itard (Jean), "Mémoire sur quelques fonctions involontaires des appareils de la locomotion, de la préhension et de la voix", in Archives générales de médecine n°8, p.385-407 : première description de ce qui deviendra la maladie de Gilles de la Tourette, avec le cas de la Marquise de Dampierre, qui, malade depuis qu'elle a 8 ans, doit se retirer du monde à 26 ans, tant les insultes et jurons qui lui échappent nuisent à sa vie sociale.

1832

Traduction en anglais sous le titre de The Black Death and the Dancing Mania, des études de Justus Friedrich Karl Hecker, Die Tanzwuth, eine Volkskrankheit im Mittelalter, et Der schwarze Tod im vierzehnten Jahrhundert: Nach den Quellen für Ärzte und gebildete Nichtärzte bearbeitet, Enslin puis Herbig, publiées à Berlin la même année. La première est une somme sur les chorées médiévales, dont les manifestations démoniaques seront vues plus tard comme des symptômes de Gilles de la Tourette.

1837

Le premier exemple de "moral insanity" donné par James Cowles Prichard, dans son Treatise on Insanity and Other Disorders Affecting the Mind, Carrey & Hart, Philadelphie, est un cas d'obsessions de rangement et de symétrie, évoluant vers la folie et le suicide (p.36-37).

1838

Jean-Etienne Esquirol publie Des Maladies mentales considérées sous les rapports médical, hygiénique et médico-légal, Baillière, vol. II, p.63-70, repère les obsessions dans le cadre des "monomanies raisonnantes" ou "sans délire". Mademoiselle F. est le premier de névrose obsessionnelle exactement décrit (scrupules de conscience, doutes pratiques, compulsions de lavage, peur de voler par erreur); il est repris tel quel à ce titre par Jules Falret en 1875.

1839

Daniel Gottlob Moritz Schreber, père du Président Schreber de Freud, raconte, dans Das Buch der Gesundheit: Eine Orthobiotik nach den Gesetzen der Natur und dem Baue des menschlichen Organismus, Fleischer, Leipzig, un cas probablement autobiographique d'obsession criminelle (p.198-202).

1842

 

Dans Les Âmes mortes, de Nicolas Gogol, le personnage de Pliouchkine est un collectionneur entasseur pathologique; on parle parfois de "syndrome de Pliouchkine" pour le "syndrome de Diogène".

 

1843

Søren Kierkegaard publie Frygt og Bæven : Dialektisk Lyrik (Crainte et tremblement), ainsi que Gjentagelsen (La Répétition).

1844

Søren Kierkegaard publie Begrebet Angst (Le Concept de l'angoisse).

 

Dans Thoughts on Religious Experience, Presbyterian Board of Publication, Philadelphie, p.184-187, le grand théologien Archibald Alexander reproduit une lettre décrivant chez un ami un tableau d'obsession sacrilège.

 

1846

Johann Ludwig Casper, médecin et statisticien allemand, rapporte pour la première fois une descrition détaillée de phobie du rougissement (éreutophobie); cette "Biographie d'une idée fixe" sera traduite en 1901 dans L'année psychologique n°8, p.522-538.

1847

1849

Søren Kierkegaard publie Sygdommen til Døden (Le traité du désespoir/La maladie à la mort).

 

1850

Jean-Pierre Falret utilise pour la première fois l'expression "maladie du doute".

1851

Première mention de "Neurasthenia" dans le Medical Lexicon de Robley Duglison, chez Blanchard & Lea, Philadelphie.

George Borrow fait paraître chez Murray, à Londres, son chef-d'oeuvre semi-autobiographique, Lavengro, The Scholar, Gypsy, and Priest. C'est le modèle en anglais de la névrose émotive, notamment pour les scrupules puritains.

1852

Joseph Guislain, dans ses Leçons orales sur les phrénopaties ou Traité théorique et pratique des maladies mentales, chez Hebbelinck, à Gand, rattache à la mélancolie tout le spectre des troubles anxieux. Il ne mentionne les troubles obsessionnels qu'au titre de la "mélancolie religieuse", centrée sur les scrupules. L'analyse bascule entièrement du côté du fond émotionnel des troubles.

1853

Les débats sur le concept de monomanie à la Société médico-psychologique entraînent son irrésistible déclin: comme les troubles obsessionnels sont alors considérés comme des lésions particulières de la volonté, ils perdent leur cadre esquirolien de référence (monomanie raisonnante).

 

1855

Mort de Søren Kierkegaard (né en 1813).

1856

 

1857

Ernest Naville communique à Henri-Frédéric Amiel le Journal intime de Maine de Biran, qu’il vient d’éditer. "Obsession", dans les Fleurs du mal, de Baudelaire.

1858

Ivan Gontcharov publie avec un énorme succès Oblomov, dont le héros éponyme incarnera durablement l'asthénie ultime de la volonté chez l'individu riche et oisif. La question de l'"oblomovisme" est notamment popularisé par le critique Nikolaï Dobrolioubov.

1860

1861

1862

Armand Trousseau résume l'opinion générale selon laquelle la chorée de Sydenham) résultent d'une infection rhumatismale ancienne. Cette intuition clinique sera validée par Angel Taranta et Gene Stollerman en 1956. Elle est à la base des hypothèses contemporaines sur l'étiologie neuroimmune de certains troubles obsessionnels-compulsifs et de la maladie de Gilles de la Tourette.

1863

Hippolyte Taine, dans son Histoire de la littérature anglaise, livre II, chapitre 5, "La renaissance chrétienne", chez Hachette, revient sur le cas de Bunyan. Joseph Adalbert Knop publie Die Paradoxie des Willens: oder das freiwillige Handeln bei innerem, chez Pernitzsch, à Leipzig, qui introduit en médecine mentale les concepts de "refoulement" et de "conflits" entre "masses de représentations", en s'inspirant de Herbart.

1864

Parution, chez Baillière, du livre capital de Jean-Pierre Falret, Des Maladies mentales et des asiles d'aliénés : leçons cliniques et considérations générales.

 

1865

Parution, préfacée par Alexandre Brierre de Boismont, du Testament médical, philosophique et littéraire, par Dumont (Pierre-Louis-Charles), dit Dumont de Monteux, chez Delahaye. L'ouvrage fut publié par une commission médicale comptant notamment Laurent Cerise et Jacques-Joseph Moreau de Tours. Ce testament raconte les souffrances de l'auteur, médecin, qui prend la défense des névrosés devant les aliénistes. Il y donne une descritpion subjective du "mentisme" et des troubles anxieux décrits ensuite par Krishaber.

1866

1867

Richard von Krafft-Ebing introduit le terme de "Zwangsvorstellung", premier terme d'une série qui inclut de façon plus ou moins formalisée "Zwangshandlung", "Zwangszustand", etc., dans les Beiträge zur Erkennung und richtigen forensichen Beurtheilung krankhafter Gemüthszustände, Enke, Erlangen.

1868

William James traverse jusqu'en 1872 une profonde crise dépressive et obsessionnelle, qu'il décrira dans "Is Life Worth Living?", inclus dans The Will to Believe en 1897.

1869

Eduard von Hartmann fait paraître sa Philosophie des Unbewussten: Versuch einer Weltanschauung, à Berlin, chez Carl Duncker, la référence essentielle du pessimisme fin de siècle.

1870

Hippolyte Taine publie De l'Intelligence, chez Hachette; l'ouvrage deviendra une source essentielle de la réflexion sur les mécanismes psychologiques des névroses, avec le concept de "réducteurs antagonistes" (p.123-129).

1871

1873

1875

Le concept de "folie avec conscience", admis après de vifs débats à la Société médico-psychologique permet d'élargir le concept de folie pour y inclure justement les formes de folie dont relève le "délire émotif" de Morel comme les conceptions plus intellectualistes des troubles obsessionnels. L'article "Monomanie" d'Aimé-Jean Linas dans le Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales d'Amédée Dechambre, vol. IX, p.146-194, résume la question des obsessions du point de vue de la clinique aliéniste dans le cadre des lésions de la volonté; en revanche, l'article "Obsession", de Dechambre, très bref, réduit le phénomène à un simple caractère que peuvent prendre les "idées délirantes fixes" et les "hallucinations" en écho au vieux concept d'obsession et de possession démoniaque.

1876

1877

1878

George M. Beard, dans une communication à l'American Neurological Association, cite les "Jumpers" ou "Jumping Frenchmen of Maine", communication résumée dans le Journal of Nervous and Mental Diseases 5, n°3, p.526. Il y décrit une chorée identifiée ultérieurement à la maladie de Gilles de la Tourette. Ses remarques sont traduites en 1881 par Gilles de la Tourette (Georges), dans les Archives de neurologie 2, n°5, p.146-150.

1879

George M. Beard rencontre Wilhelm Erb et introduit grâce à lui la neurasthénie en Allemagne. Henry Maudsley publie The Pathology of Mind (MacMillan, Londres), où l'aliéniste anglais, qui décrit de nombreux cas de phobies d'impulsion, d'actes compulsifs et de pensées torturantes dans le cadre de l'hypocondrie et de la mélancolie ou de l'hystérie (avec de clairs sous-entendus sexuels dans les symptômes), rapproche aussi ces derniers troubles de symptômes maniaco-dépressifs (p.460-3), initiant un courant de pensée qui sera repris par Adolf Meyer chez Karl Abraham. En revanche, il ne cite ni Beard ni la neurasthénie.

1880

Début des enquêtes sur la jeunesse, qui, en France, concluent aux effets morbides du "surmenage", thème qui va devenir le terreau d'une médicalisation accrue du contrôle social et servir de toile de fond à la réception de la neurasthénie. Beard revient sur les "Jumpers" ou "Jumping Frenchmen of Maine" dans le Journal of Nervous and Mental Diseases n°7, p.487-490.

1881

 

Dans ses Etudes cliniques sur l'hystéro-épilepsie ou grande hystérie, chez Delahaye et Lecrosnier, Paul Richer, l'élève de Charcot, donne en appendice historique une longue étude de divers phénomènes de chorée et de possessions, dont celle de Loudun (p.630-650), qu'il attribue à l'hystérie.

 

1882

1883

Mort de George Miller Beard (né en 1839).

Bonnetain (Paul) publie à Bruxelles, chez Kistemaeckers, Charlot s'amuse, roman à scandale sur un cas d'obsession et de masturbation; le héros reconnaît sa mère dans une des folles présentée à la Salpêtrière, et se suicide pour échapper à l'hérédité. Maurice Rollinat publie Les Névroses, chez Charpentier, où "Le fantôme du crime" dépeint clairement des obsessions criminelles. Ribot (Théodule), Les Maladies de la volonté, Germer-Baillière, qui fait une marge place aux paradoxes obsessionnels. Huchard (Henri) publie à titre posthume la seconde édition augmentée de l'énorme manuel d'Axenfeld (Alexandre), Traité des névroses, chez Germer-Baillière, avec la première discussion étendue de la neurasthénie en français (p.872-906)

1884

Mort supposée de la Marquise de Dampierre (née en 1799).

 

George H. Savage, dans son important manuel Insanity and Allied Neuroses : Practical and Clinical, publié chez Henry C. Lea à Philadelphie, prend George Borrow en exemple de la "folie du toucher" ("touching disease").

1885

Dans un débat à la Société médico-psychologique du 27 juillet, Valentin Magnan attaque Jules Falret, et défend une vision syndromique et transnosographique des obsessions, marginalisant les grands tableaux moralement cohérents. "L'obsession" devient un signe de "déséquilibre psychique", vide de sens, et lié de plus en plus étroitement aux pervers sexuels.

Dans ses Nouveaux Essais de psychologie contemporaine, chez Lemerre, reprenant en les développant les essais de 1883, Paul Bourget donne le ton de la psychologie "fin de siècle" en esthétique.

Ribot (Théodule), Les Maladies de la personnalité chez Baillière, qui revient sur le cas de la Marquise de Dampierre.

1886

Mort présumée de Pierre-Louis-Charles Dumont (Dumont de Monteux), né en 1802.

Féré (Charles), "Impuissance et pessimisme", Revue philosophique 22, p.30-41.

1887

Première mention de "Zwangsvorstellung" dans le Conversations Lexicon de Friedrich Arnold Brockhaus.

1888

1889

Frédéric Paulhan publie L'Activité mentale et les éléments de l'esprit, chez Alcan, qui offre le cadre conceptuel de la nouvelle conception psychologique (et non plus physiologique) des émotions, et l'applique aux associations et conflits des obsédés.

1890

Heinrich Mann compose sa première nouvelle, "Haltlos", description d'un neurasthénique, dont le thème se diffuse sur toutes ses premières oeuvres.

 

William James publie les Principles of Psychology, Holt, New York, avec notamment son chapitre sur la volonté et le fiat.

1891

1892

Perkins-Gilman (Charlotte) décrit la cure de Weir-Mitchell qu'elle avait subie en 1887 dans "The Yellow Wallpaper".

1893

Paul Verlaine publie L'Obsesseur, chez Vanier (au sens de l'importun absolu).

1894

Georges Rodenbach publie Musée de béguines, chez Charpentier & Fasquelles: une anthologie de symptômes obsessionnels religieux fréquemment citée à l'époque, voir notamment "La soeur aux scrupules", p.85-113.

Dans une lettre à Fliess datée du 7 février, Freud utilise pour la première fois le terme de "Zwangsneurose".

1895

Dallemagne (Jules), dans Dégénérés et déséquilibrés, chez Lamertin, Bruxelles et Paris, situe les impulsions morbides et les obsessions dans le cadre de la réflexologie matérialiste.

Freud commence l'analyse de "Monsieur E." (Oscar Fellner?), qui souffre de divers symptômes obsessionnels et qui est souvent cité à ce propos. La cure s'achèvera en 1900.

1896

Dans "L'hérédité et l'étiologie des névroses", Revue de neurologie 4, n°6, p.161-169, Sigmund Freud introduit pour la première fois en français l'expression de "névrose des obsessions" (ou "d'obsessions") pour "Zwangsneurose". C'est la première occurrence connue du terme en français.

1897

Mort de Thérèse de Lisieux (née en 1873), dont l'autobiographie spirituelle, Histoire d'une âme, témoigne d'une violente crise de scrupules religieux dans l'enfance.

1898

Alfred Binet et Victor Henri font paraître La Fatigue intellectuelle, chez Schleicher, relai essentiel entre les théories médicales de la neurasthénie et la psychophysiologie de la fatigue. Ils critiquent les simplifications de Mosso. Régis (Emmanuel), La médecine et le pessimisme contemporain, Gounouilhou, Bordeaux, reprise d'une conférence de 1897.

1899

1900

On estime à environ 500 les établissements de soin réservés dans l'Empire allemand aux affections du type neurasthénique. Wilhelm Heinrich Erb, le promoteur de l'électrothérapie, et Paul Julius Möbius s'en font les propagandistes, notamment dans les cliniques de nerveux qui s'ouvrent pour les classes populaires (Volksnervenheilstätten).

1901

Mirbeau (Octave), Les Vingt-et-un jours d'un neurasthénique, Charpentier: recueil de nouvelles ironiques parues depuis 1887 dans divers journaux.

1902

1903

1904

Mort de Georges Gilles de la Tourette (né en 1857).

1905

Robins (Elizabeth), A Dark Lantern: A Story With a Prologue, MacMillan, New York et Londres: un des romans classiques sur la neurasthénie, porté à l'écran en 1920. Binet (Alfred) et de Lorde (André), L'obsession, ou les deux forces, drame en deux tableaux pour le Grand-Guignol. En décembre, Marcel Proust entre pour six semaines à la clinique de Boulogne-Billancourt tenue par Paul Sollier, un cousin de Bergson, pour soigner sa neurasthénie.

1906

Lettre du 27 octobre de Freud à Jung, où est formulée pour la première fois l’idée du lien entre analité et obsessionnalité.

 

1907

Le 1er octobre commence chez Freud la cure d’Ernst Lanzer, l’Homme aux rats. Le 20 novembre, Freud présente le cas devant la Société psychanalytique de Vienne. Ses exposés de l’époque ont été publiés par Federn (1948). Polémique entre Freud et Wilhelm Stekel sur le traitement de la névrose d'angoisse, à la Société psychanalytique de Vienne: Stekel dit soigner des cas de névrose actuelle réputées non-traitables par Freud, et y voir des conflits sexuels.

Fernando Pessoa compose "Mania of Doubt", sous l'hétéronyme d'Alexander Search, dans le cadre de ses réflexions sur le génie et la folie. Essai de Gabriel Dromard, inspiré par Ribot: L'obsession impulsive et l'inspiration dans l'art, tiré de la Revue des idées.

 

1908

Au congrès de Salzbourg, en février, Freud aurait consacré, selon Ernest Jones, cinq heures à un exposé aujourd’hui perdu sur l’Homme aux rats, dont la cure s'interrompt probablement en juillet.

Worcester (Elwood), McComb (Samuel) & Coriat (Isador H.), Religion and Medicine : The Moral Control of Nervous Disorders, Moffat & Yard, New York. Marrs (William T.), Confessions of a Neurasthenic, Davis, Philadelphie. Claretie (Jules), L'Obsession (moi et l'autre), Lafitte.

1909

Dans une lettre à Jung du 17 octobre, Freud revient sur le cas de l’Homme aux rats, qui a autorisé Freud à publier son histoire, et se montre plus pessimiste sur le résultat de la cure.

 

Franz Kafka commence à tenir son journal.

1910

Freud commence en février à recevoir Serguei Constantinovitch Pankeieff, l’Homme aux loups. Au Japon, Masatake Morita commence à développer la technique thérapeutique qui porte son nom pour les malades atteints de shinkietshitsu, lequel évoque la neurasthénie occidentale.

Cleaves (Margaret A.), The Autobiography of a Neurasthene, as Told by One of Them to Margaret A. Cleaves, MD, R. Badger/The Gorham Press, Boston.

Freud (Sigmund), Ein Kindheitserinnerung des Leonardo da Vinci, Deuticke, Leipzig et Vienne, trad. franç., Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci (OC X, 1993) qui contient une étude de la sexualisation obsessionnelle de la pensée.

1911

1912

 

1913

Karl Jaspers, dans la première édition de son Allgemeine Psychopathologie (I, §3-4), chez Springer à Berlin, consacre des développements décisifs à la différence qualitative entre les contraintes et les obsessions dans la schizophrénie et dans les troubles névrotiques.

1914

Le 28 juin, jour de l’attentat de Sarajevo, Freud met fin à l’analyse de l’Homme aux loups ; ses notes ne seront publiées qu’en 1918. Le 25 novembre, Ernst Lanzer, l'Homme aux rats, meurt sur le front de l'Est.

1915

Fin 1915 et début 1916, développement spectaculaire des pathologies psychotraumatiques chez les soldats des puissances européennes en guerre; le concept de "war neurasthenia" émerge chez les psychiatres britanniques.

Emil Kraepelin introduit pour la première fois de façon systématique le concept de "Zwangsneurose" dans son Psychiatrie: ein Lehrbuch für Studierende und Aertze (8ème édition, vol. IV, p.1823-1901, chez Enke, à Stuttgart), mais sans mentionner Freud parmi les inventeurs du concept! De plus l'étiologie demeure exclusivement héréditaire, précocément acquise ou dégénérative.

Freud commence à travailler à ses essais "Le refoulement" et "L'inconscient", qui se réfèrent, ainsi que la "Vue d'ensemble des névroses de transfert", à la névrose obsessionnelle, mais un essai prévu sur ce dernier thème n'a apparemment pas été rédigé; ils seront publiés en 1924 dans les Gesammelte Schriften, sous le titre de Metapsychologie.

1916

1917

1918

1919

Après la guerre, le modèle traditionnel de la neurasthénie entre en crise: s'il se maintient et même se développe en Asie (Chine et Japon), son fondement neurologique apparaît de plus en plus douteux, et il devient une affection psychologique à retentissement somatique.

 

Janet (Pierre), Les médications psychologiques, Alcan.

1920

Georges Duhamel publie Confession de minuit, au Mercure de France: récit d'une phobie d'impulsion dérisoire et de ses suites.

Dans Instinct and the Unconscious: A Contribution to the Biological Theory of the Psycho-Neuroses, William H. Rivers reconstruit la neurasthénie classique, dans le cadre des névroses de guerre, comme une "névrose d'angoisse", liée à la "répression" de la peur.

1921

Patrick J. Gearon, Scruples: Words of Consolation, Talbot, Dublin: ce bref manuel populaire, souvent rédité et traduit en 5 langues dont le français (Les âmes scrupuleuses consolées, Lethielleux, 1931) reçut l'approbation de Pie XI.

1922

1923

Sous le pseudonyme d'Italo Svevo, Ettore Schmitz fait paraître son roman largement autobiographique La coscienza di Zeno, chez Cappelli à Bologne, qui rencontre un succès international. Le roman est rempli d'allusions freudiennes aux tics et à l'indécision obsessionnelle.

Chez Freud, l'introduction de la pulsion de mort modifie, dans Das Ich und das Es (Internationaler Psychoanalytischer Verlag, Leipzig, Veinne et Zürich), trad. franç. Le moi et le ça (OC XVI, 1991), la signification du "sadisme" dans la névrose obsessionnelle. La question devient de savoir pourquoi l'obsessionnel qui s'auto-accuse ne se tue pourtant pas à l'instar du mélancolique.

1924

Mort de Franz Kafka.

 

Melanie Klein commence l’analyse d’Erna, qui a 6 ans.

1925

Georg Wilhem Pabst tourne Geheimnisse einer Seele (Les Mystères d’une âme), le premier film inspiré directement par Freud, qui décrit la cure d'un professeur de chimie souffrant de phobies d'impulsion. Karl Abraham a aidé Pabst. Freud et Janet post-facent L'obsédé: Drame de la libido, d'André Gaucher, chez Delfeuch.

Les travaux d'Ernest Dupré, le principal tenant de l'émotivisme, sont recueillis et publiés chez Payot, sous le titre de Pathologie de l'imagination et de l'émotivité.

1926

1927

L’Oxford English Dictionary enregistre pour la première fois le couple "obsessive-compulsive", comme terme technique issu de la psychiatrie. On estime qu'aux Etats-Unis, environ un tiers des patients qui consultent en neurologie sont neurasthéniques ou psychasthéniques (selon F. Peterson, dans A Textbook of Medecine de R. Cecil, chez Saunders, Philadelphie, qui critique également le recours à la psychanalyse).

1928

Mort d'Italo Svevo (Ettore Schmitz).

Arnold Gesell, dans Infancy and Human Growth, introduit le concept de "ritualisation normale", qui va soustraire au domaine de la pathologie certains comportements autrefois attribués à des névroses obsessionnelles infantiles.

1929

Alphandéry (Paul), "De quelques documents médiévaux relatifs à des états psychasthéniques", Journal de psychologie normale et pathologique, n°26, p.763-787: la redécouverte psychologique de l'acédie monastique.

1930

Le généticien et psychiatre Hans Luxenburger publie "Heredität und Familientypus der Zwangsneurotiker", Archiv für Psychiatrie und Nervekrankheiten n°91, p.590-594, première recherche sur l'hérédité de la névrose obsessionnelle (sur 71 familles).

1931

Dans Zur Klinik und Analyse der psychomotorischen Störung, chez Karger, à Vienne, Otto Kauders montre qu'on peut induire des idéations obsessionnelles chez des tiqueurs en leur demandant de répéter volontairement leurs mouvements d'abord involontaires.

1932

Klein (Melanie), Die Psychoanalyse des Kindes, Internationaler Psychoanalytische Verlag, Vienne: avec notamment un cas détaillé de névrose obsessionnelle d’enfant, « Erna ».

1933

1934

1935

Mort de Fernando Pessoa.

 

Premières opérations psychochirurgicales : essais de lobotomie préfrontale par Antonio Egas Moniz, qui les tentera notamment chez quelques très grands obsédés et des mélancoliques.

Début du séjour de Bingham Dai en Chine, où il suit des obsessionnels, recueillant des données ethnopsychiatriques considérables.

1936

Freud (Anna), Das Ich und das Abwehrmechanismen (le texte sera commercialisé en 1946 par Imago, Londres): fixe notamment le tableau idéal des défenses obsessionnelles.

Jessie Taft traduit les volumes II et III de la Technik der Psychoanalyse d'Otto Rank (soit Die Analytische Reaktion, Deuticke, 1929, et Die Analyse des Analytikers, Deuticke, 1931) sous le titre de Will Therapy, Knopf, New York. Les thèmes de la maladie de la volonté (dans la névrose obsessionnelle) et de la séparation-individuation y trouvent leur dernière expression systématique.

Siegfried Sassoon publie Sherston's Progress, dernier volume de la Sherston's Trilogy, récit de sa cure comme officier "neurasthénique" (victime de "shellshock") pendant la première guerre mondiale, par William H. Rivers. Elias Canetti publie Die Blendung, chez Reichner, à Vienne, dont le héro, Peter Kien, incarne le type parfait du caractère anal.

1937

1938

Mort de Masatake Morita (né en 1874).

de Tonquédec (Joseph), Les maladies nerveuses ou mentales et les manifestations diaboliques, Beauchesne: écrit par un religieux familier des exorcismes, c'est le dernier témoignage de l'interprétation des obsessions démoniaques en termes à la fois psychiatriques et théologiques.

1939

Mort de Sigmund Freud (né en 1856).

1940

1941

1942

1943

La psychasthénie devient une des sous-échelles (la 7) du Minnesota Multiphasic Personality Inventory (MMPI); ce sera son dernier usage.

1944

Saul Bellow, Dangling Man, The Vanguard Press, New York.

Fromm (Erich), "Individual and Social Origins of Neurosis", American Sociological Review n°9, p.380-384: un article essentiel de l'auteur, qui applique notamment ses conceptions à la névrose obsessionnelle.

1945

1947

Pour la première fois, la Classification Internationale des Maladies Mentales (CIM) reconnaît une autonomie au syndrome phobique.

Les Laboratoires Sandoz commercialisent le Delysd LSD 25, découvert en 1938 par Arthur Stoll et et Albert Hofmann, avec pour indication les névroses d'angoisse et les névroses obsessionnelles, comme appoint pour débloquer l'esprit dans les thérapies psychanalytiques.

Erich Fromm, dans Man for Himself: An Enquiry into the Psychology of Ethics, Holt, Rinehart & Wilson, New York, fait la première description de la personnalité du collectionniste-accumulateur d'un point de vue psychosocial et post-freudien. O. Hobart Mowrer publie "On the dual nature of learning: A reinterpretation of "conditioning" and "problem solving"", Harvard Educational Review n°17, p.102-148, qui distingue l'acquisition de la peur par le conditionnement pavlovien et son maintien par le conditionnement opérant. C'est le noyau du modèle comportemental appliqué aux troubles anxieux, puis au TOC.

Georges Bataille publie La haine de la poésie, Minuit, repris et augmenté en 1962 sous le titre L'impossible. "Histoire de rats" y fait un usage original du cas de Freud.

1948

Paul Federn publie des notes sur les exposés de Freud sur "l’homme aux rats", prononcées au congrès de Salzbourg en 1908, devant la Société de Vienne, dans le Yearbook of Psychoanalysis n°4, p.14-20.

Dans le numéro spécial des Etudes carmélitaines consacré à Satan, Jean Vinchon publie "Les aspects du diable à travers les divers états de possession", p.464-471, étude sur les obsessions des possédés.

1949

Dans une étude sur 1383 militaires hospitalisés entre 1944 et 1945, Michaels (Joseph. J.) & Porter (Robert. T), "Psychiatric and social implications of contrast between psychopathic personality and obsessive compulsive neurosis", Journal of Nervous and Mental Diseases n°109, p.122-132, les auteurs font état d'un nombre extrêmement faible de patients obsessionnels (0,2%). Le fait est attribué en partie à la discipline militaire.

 

Dans "Infant care and personality", Psychological Bulletin 46, n°1, p.1-48, Harold Orlansky réfute le lien freudien traditionnel entre stade anal, dressage infantile à la propreté et traits obsessionnels. Il ne sera plus guère pris au sérieux ensuite.

Hesnard (Angelo) publie, L'univers morbide de la faute, Presses Universitaires de France: théorie syncrétique de la culpabilité, entre Janet et Freud.

 

1950

Adorno (Theodor), Frenkel-Brunswik (Else), Levinson (Daniel) & Sanford (R. Nevitt), The Authoritarian Personality (Studies in Prejudice), Harper, New York : essai psychosociologique sur les origines du nazisme et du fascisme qui retrouve plusieurs traits typiques de la personnalité obsessionnelle déjà relevés par Fromm en 1940 dans Escape from Freedom, Farrar & Rinehart, New York. Ey (Henri) consacre la onzième de ses Etudes psychiatriques aux "Impulsions", chez Desclée de Brouwer: récapitulation historique inégalée sur le concept, ses rapports aux troubles moteurs, aux tics et à l'obsession-impulsion. Dollard (John) & Miller (Neal E.), Personality and Psychotherapy: An Analysis in Terms of Learning, Thinking, and Culture, McGraw Hill, New York: première application de la théorie de Mowrer aux obsessions, dans cet ouvrage classique qui revendique une filiation freudienne.

Suicide de Cesare Pavese, dans les papiers duquel on trouve son journal: Il mestiere di vivere.

1951

1952

Le DSM-I, qui parle de "obsessive-compulsive reaction" (p.33), sépare officiellement obsessions et phobies et introduit la notion de "compulsive personality " (51-2) (p.37).

1953

1954

1955

La Classification Internationale des Maladies (CIM7) autonomise pour la première fois les troubles anxieux (conservant l'adjectif "névrotique").

Freud (Sigmund), "Addendum : Original Record of the Case", trad. angl. du journal de l’analyse de “l’homme aux rats” dans la Standard Edition X.

1956

Dans la troisième édition de son grand manuel, Psychiatrie clinique, Le François, Paul Guiraud conserve la description psychasthénique des obsessions de la première édition de 1922, avec Maurice Dide, mais il répudie Janet au profit de Freud.

1957

1958

Wolpe (Joseph), Psychotherapy by Reciprocal Inhibition, Standford University Press: texte fondateur des thérapies comportementales modernes par désensibilisation. Matussek (Paul), "Zwang und Sucht", Nervenarzt n°29, p.452-456: pourquoi la description des obsessions en termes de contrainte a éliminé celle en termes de passion.

Erikson (Erik H.), Young Man Luther: A Study in Psychoanalysis and History, Norton, New York: tableau classique de la combinaison de mélancolie et de névrose obsessionnelle dont Luther souffrait.

1959

 

 

De 1960 à 2011