La "fin" de la psychologie
depuis les années 80 : renouveau scientifique ou ruine d'espoirs illusoires?
« La » psychologie est morte.
Son évolution historique et conceptuelle depuis les années 80 n’est que la
lente prise de conscience de cet état de fait, et les récentes crises institutionnelles
de la discipline, qui, partout dans le monde, sépare cliniciens et cognitivistes,
la parachèvent. La difficulté est de savoir si dans l’affaire, les raisons
affichées de la rupture sont les bonnes, et si chacun des acteurs, dans un
champ désormais éclaté, y gagnera ce qu’il imaginait.
C’est aux États-Unis, terre bénie de
la psychologie, qu’on mesure le mieux l’ampleur du paradoxe. En 1980, un doctorat
sur 10 était en psychologie ; il y avait 50000 psychologues, soit le
cinquième des professionnels dans le monde. L’American
Psychological Association a aujourd’hui 160000 membres ;
mais la plupart des psychologues cliniciens s’inscrivent dans le champ du
travail social (éducation, psychothérapie) tandis que l’essentiel de la recherche
médiatisée en psychologie porte sur le cerveau, et mobilise des neurologues,
biochimistes, psychiatres, linguistes, et même, on verra pourquoi, des philosophes.
En 1988, l’écart entre la psychologie comme pratique et la psychologie comme
science avait abouti à la fondation de l’American
Psychological Society. L’inflation des paradigmes
du cognitivisme (l’intelligence artificielle de Simon et Newell,
le computationnalisme de Putnam,
le connexionnisme neural de McClelland et Rumelhardt, la théorie modulaire de Fodor,
puis le retour de la neurobiologie via l’imagerie cérébrale) a durci
l’écart, en sorte que la tendance est davantage aujourd’hui de chercher les
bases cognitives des domaines traditionnels de la psychologie clinique (psychothérapie,
groupes, affectivité, entre autres) que l’inverse. « L’unité de la psychologie »
voulue par Lagache aura finalement reposé, en France, plus sur la coexistence
pacifique entre universitaires, souvent brillants, tels Fraisse ou Zazzo, que sur l’intégration
des méthodes. Quant aux élèves de Piaget, ils se sont aussi divisés entre
cognitivistes du développement et psychopédagogues selon les limitations mêmes
de la doctrine du maître : d’ordre psychobiologique,
d’un côté, et de l’autre, en quête d’une meilleure contextualisation
sociale. Ce devenir-là a finalement pesé plus lourd que les polémiques avec
Wallon ou Chomsky, et surtout, révélé l’incroyable mélange de performances
précoces et de déficits prolongés qui caractérise le nourrisson puis l’enfant
(Mehler et Dupoux) : il est
de moins en moins possible de les faire servir à illustrer une épistémologie
générale concrète de l’homme.
Or les raisons n’en sont pas que scientifiques. Dénoncer
les biais raciaux, par exemple, donnait à la psychologie sociale une force
politique, que renforçait aux yeux du public savant l’ambition intellectuelle
de ses grands représentants, comme Bandura (avec
la personnalité), ou Moscovici et Doise (avec la
représentation sociale). L’idéal d’une science de l’homme intégrant l’individu
au social donnait en plus à la psychologie des années 80 un ennemi clair :
la sociobiologie, dont le titre contournait le domaine propre. A la stature
d’un Kohlberg, père de la psychologie morale, décédé en 1987, répondait
donc bien la Déclaration de Séville sur la violence, en 1986, dernière manifestation
publique d’une psychologie intégrée, humaniste et engagée contre les derniers
avatars du darwinisme social. Certes, on ne niera pas l’apport de la psychologie
à la question de l’égalité des sexes (avec Gilligan
et Maccoby). Mais force est de reconnaître la progressive
réindividualisation des thèmes de recherche, dont
les travaux sur la dépression ou les traumas psychiques sont emblématiques
(ainsi Elizabeth Loftus, en 1994, a dénoncé les
manipulations de la mémoire par l’hypnose). Quant aux importants travaux sur
l’altruisme (Latané) ou l’agression (Berkowitz), on peut penser qu’ils subordonnent la psychologie
sociale à des entreprises au mieux philosophiques, comme naturaliser la morale,
au pire idéologiques (en quête de nouveaux instruments de contrôle social).
Car la demande de psychologie est avant tout demande d’une adaptation aux
situations de crise telles qu’elles sont individuellement vécue, ce dont témoigne
l’essor du counselling, entre culture de
la performance et thérapie, et qui correspond idéologiquement à la croissante
psychologisation des problèmes sociaux, repérée par Castel dès 1980. En ce
sens, il n’est pas étonnant que la reconnaissance légale du statut de psychologue
(voire la perspective de lui faire prescrire des psychotropes, comme aujourd’hui
aux Etats-Unis), soit sur la période une tendance
lourde. En France, c’est Anzieu, un psychanalyste,
qui inspirera la loi de 1985, portant reconnaissance du statut. Mais on peut
s’inquiéter que la psychologie comme science dégénère en technologie sociale,
tandis que les percées proprement intellectuelle de la psychologie clinique
semblent dérisoires (à part le test Maison-arbre-personne
de Bielauskas en 1981, quoi de neuf ?).
Dans le même temps où la psychologie unifiée sous le
paradigme « clinique » perdait son aura (en France, par exemple,
elle ne subsiste plus guère que sous l’aile d’une conception du psychisme
marquée par la psychanalyse, et comme propédeutique aux psychothérapies),
la reconnaissance croissante des sciences de la cognition et du cerveau déplaçait
le curseur de la scientificité. Pourtant, le maintien d’une ambition proprement
psychologique dans le champ des neurosciences est un analyseur utile de ses
conflits méthodologiques internes. On pourrait en effet argumenter que l’implausibilité proprement psychologique des paradigmes successifs
du cognitivisme a joué un rôle-clé dans leur critique : soit qu’il y
manque une base cérébrale (comme l’intelligence artificielle avant l’essor
des explications « neurales » connexionnistes), soit qu’on néglige
le contexte social de l’apprentissage (c’est le cas de versions « solipsistes »
du fonctionnement mental), etc. Si l’on ne veut donc pas faire une histoire
conceptuelle de la seule psychologie cognitive (qui est de moins en moins
une psychologie et de plus en plus une partie intégrée jusqu’à s’y dissoudre
dans les neurosciences en construction), il faut évaluer l’effet dissolvant,
et éventuellement reconstructeur, du paradigme cognitif sur des questions
classiques de psychologie. On s’aperçoit alors que les trois constantes intellectuelles
de la refonte des problématiques psychologiques ont leur origine hors de son
champ.
La première constante est philosophique. La Philosophy of Mind (qu’on
traduira par « philosophie de la psychologie ») et la polémique
sur la naturalisation de l’intentionnalité qui la caractérise a réveillé la
psychologie de son sommeil empiriste. En effet, il y a des relations de
raison qui unissent une croyance à son objet, un signe à son référent,
un acte à son but. Pourquoi croit-on, ainsi, qu’il existe un état de chose
p ? Et nous répondons en général en considérant le contexte et
les inférences logiques disponibles, par les raisons que nous avons de croire
p. Mais ces relations de raison, indispensable au fonctionnement mental
et social de tous les jours, pouvons-nous les traiter, plus scientifiquement,
comme des relations causales ? Si nous croyons p, par exemple,
il doit exister dans le cerveau un ensemble de connexions neuronales obéissant
à des lois naturelles, qui expliquent non seulement ce qu’est croire p,
mais certainement aussi pourquoi c’est p qui est cru. A la différence
des relations de raison, ces relations causales ne sont pas immanentes au
langage, ni logiquement intuitives, elles sont inconnues de prime abord, ne
sont décelées que par des théories empiriquement falsifiables du fonctionnement
cérébral, et ont quelque chose de plus « réel » que les illusions
éventuelles de la psychologie « naïve » (Folk Psychology)
que véhiculent la conversation, la littérature, voire la psychanalyse. Naturaliser
l’intentionnalité, c’est cela : examiner jusqu’à quel point on peut réduire
à des processus naturels (cérébraux, mais plus généralement causaux, car on
ne perd pas de vue la dimension automatique de divers fonctionnements « intelligents »)
précisément ces liens de pensée, de visée intentionnelle des buts, de référence
sémantique, etc., qui sont les objets non seulement de la psychologie classique,
mais aussi, au-delà, de la culture humaine et de ses formes supérieures d’organisation
(la symbolisme, la vie morale, l’art, etc.). Toute une gamme de réponses est
alors disponible sur cet immense marché aux concepts qu’est devenue la philosophie
de la psychologie, avec ses valeurs montantes et déclinantes, où la spéculation
a régulièrement des contreparties expérimentales étonnantes, et dont le centre
névralgique est aux États-Unis. On peut grossièrement classer les inspirations
théoriques en trois classes. Soit on répond radicalement oui à la question
de la naturalisation de l’intentionnalité : auquel cas, non seulement
on suppose que le fonctionnement du cerveau va effectivement expliquer ce
qui se passe quand je crois p, mais on peut même envisager des normes
de rectification, et peut-être d’élimination concrète, historiquement et socialement
souhaitable, de nos croyances « naïves », au profit d’une compréhension
scientifique de la causalité des états mentaux (Stich). Cette tendance extrême, la neurophilosophie
des Churchlands l’incarne. Soit on pense qu’une
grande part de l’activité cognitive peut recevoir une explication réductionniste
standard, mais pas toute. Un certain nombre de normes, telles les normes logiques,
ne seront pas réduites, puisqu’elles seraient présupposées circulairement
dans les théories causales censées les expliquer (il faut pouvoir dire de
telle théorie T qu’elle est vraie, et donc la norme du vrai ne peut pas être
incluse dans T elle-même). Avec plus d’épaisseur psychologique, on a aussi
remarqué que l’intentionnalité elle-même relevait d’une activité de supposition
que nous ne pouvons pas court-circuiter aisément : on testera toujours
une approche réductionniste et « causale » de l’intentionnalité
en fonction de cette donnée première qu’il y a des pensées qui se rapportent
à des objets, ou des actes à des buts hiérarchisés. Davidson et Dennett, de façon très
conceptuelle pour le premier, plus empiriste et même ludique pour le second,
ont sur ces thèmes proposés des analyses profondes. Soit enfin on considère
que les recherches cognitives sont en soi un contresens quand on aborde la
pensée, la conscience, l’agir ou le langage. De puissantes objections dues
à Searle, à Dreyfus, ou à des philosophes souvent wittgensteiniens que le
matérialisme au service des neurosciences ne fascine en rien, on suscité des
réponses elles-mêmes très fortes, et qui ont remis au goût du jour nombre
de situations-limites de la neurologie ou de la psychiatrie.
Le cœur du débat est de savoir si l’on peut soumettre à une approche réductionniste
standard des concepts mentaux (croire, etc.) qui ne seraient pas déjà objectivés,
donc reconfigurés, en d’autres termes, pour ressembler à des objets des sciences
de la nature, ou bien si ces concepts mentaux objectivés ne sont justement
plus ce qu’ils sont dans notre vie mentale ordinaire, qui échappe,
comme toute la sphère proprement humaine, à la nature. Parer l’objection engage
une bonne part du crédit qu’on apporte à la psychométrie, dont le développement
mathématique et empirique a été immense ce dernier quart de siècle (on ne
citera que Jacob Cohen). Car il est difficile de nier qu’il y a des régularités
mesurables dans les rapports entre états mentaux, normaux ou pathologiques,
indépendamment de leur contexte ou même du contenu. Cette inertie, si l’on
peut dire, du mental objectivé, offre une alternative à l’interaction clinique
intersubjective pour le recueil des données. On comprend que questionnaires
et échelles aient peu à peu fait norme. De plus, la voie frayée par Nisbett
et Ross s’est élargie avec Kahnemann (récompensé en 2002 du Nobel… d’économie !)
et Tversky, travaillant sur la possibilité d’expliquer
empiriquement nos erreurs de raisonnement. Les lois psychologiques de ces
biais défendent de croire que la pensée se meut dans un pur éther acausal.
Les anti-réductionnistes sont donc sur la défensive : la thèse de Quine
triomphe en pratique, selon laquelle l’intentionnalité est bien réelle, mais
à la fin sans importance, et qu’il vaut donc mieux s’appuyer sur le comportement
objectif des organismes.
La seconde constante des réaménagements des problématiques
psychologiques a trait à la neuroanatomie fonctionnelle
(cf. le manuel d’Afifi et Bergman). Nul n’a
jamais contesté que les événements mentaux M (croyances, désirs, intentions)
correspondaient globalement à des événements cérébraux
C. Or la neuroanatomie fonctionnelle introduit
une nouvelle façon de parler : on ne dit plus « M correspond
neuroanatomiquement à C », mais « c’est
la fonction neuroanatomique de C que de produire
M ». Chaque fois ainsi, en imagerie cérébrale, qu’une zone neuroanatomique
s’active, on dira « Le cerveau du sujet calcule, rêve, etc. ». Sur
le plan des connaissances empiriques, on n’en sait pas toujours plus qu’avant.
Mais on bouscule par là le bon vieux dualisme dans l’espoir d’un aller-retour
fécond entre la décomposition logico-analytique
de M et la décomposition de C en termes de sous-système fonctionnels
sous-jacents. Récemment, la notion d’action (entendue comme réponse
d’un organisme, adaptative, intentionnelle et hiérarchisée) a permis de fédérer
plusieurs courants de recherche issus de ce fonctionnalisme neurobiologique.
Des circuits neuronaux de plus en plus subtils sont mis en correspondance
avec des stratégies complexes, sous des contraintes physiques qu’on n’avait
jamais soupçonnées, et qui viennent par exemple de la robotique. On dispose
là de moyens de tester des « théories de l’esprit » (Leslie), qui
sont des explications fonctionnelles de l’agir et de l’identification de la
conduite d’autrui comme intentionnelle (ou pas) qui ont d’importantes conséquences
pour l’autisme (Baron-Cohen), la primatologie (Premack) ou l’acquisition des connaissances par les enfants
(Wellman). Se référer à l’implémentation neurologique
des circuits fonctionnels, c’est en effet valider la description fonctionnaliste
des états mentaux produits, et, éventuellement, découvrir les sous-systèmes
fonctionnels étanches et spécialisés que sont les « modules » à
la Fodor. C’est à ce niveau que la psychologie entre
en jeu : peut-on traiter comme des « actions » très complexes,
mais composées de ces briques de base (des circuits fonctionnels en un double
sens, logique et biologique), le fait de parler un langage grammaticalement
articulé ? Comment rendre compte de la coordination entre les individus
sans réduire toute vie sociale à une vie, si l’on peut dire, inter-cérébrale ?
Comment les représentations sociales (les symboles, par exemple) peuvent-ils
alors subsister ? C’est en posant de telles questions qu’on mesure à
quel point les sciences de la cognition détruisent la psychologie traditionnelle
parce que leur méthodologie est individualiste, et non holiste.
La troisième constante de la révolution de la psychologie
contemporaine, c’est le rôle crucial qu’y joue l’évolutionnisme. Les
diverses versions du darwinisme en psychologie ont pour fonction de relayer
le vivant dans le mental (la neurobiologie a en effet pour objet un cerveau
sélectionné par l’évolution), et le mental dans le social (la raison d’être
de la sélection des fonctions cérébrales, c’est la survie de l’espèce comme
espèce sociale). Sans nul doute, le cognitivisme fonctionnaliste a besoin
de l’évolution pour valider ses hypothèses adaptatives. En même temps, il
est malaisé de découvrir dans le design des sous-systèmes du cerveau
de quoi alimenter une réflexion psychologique. Peut-on ainsi admettre que
même le sens de nos actions, leur intentionnalité ultime (voire le contenu
de nos pensées) est régi par l’évolution, et donc par une « téléosémantique »
(Millikan), qui ne stagne pas éternellement en dessous du seuil de pertinence
psychologique des échanges interhumains ? La psychologie évolutionniste
(Tooby & Cosmides) évoque une version naturaliste des grands
systèmes de la psychologie sociale des années 80, embrassant tout jusqu’au
vertige (Rose & Rose).
Ces grands remous théoriques ont certainement
démenti l’illusion des années 80 que la psychologie était, comme science,
révolue (Canguilhem). Mais ils ont aussi rendu quasiment invisibles une production
d’une densité intellectuelle inouïe, notamment en psychophysique (Marr
démontrant que le traitement de l’information visuelle oblige à passer pas
des objets de dimension « entre » 2 et 3 ; ou Gregory prouvant
la présence d’inférences dans les illusions d’optique). En psychologie de
la mémoire (Neisser, Schacter),
la continuité historique par rapport à la psychologie pré-cognitiviste
est indéniable, et c’est sans doute un des domaines où l’effort de tenir à
la fois la dimension sociale et la dimension expérimentale aboutit encore.
Certes, cette riche production s’exprime dans le langage de la cognition.
Mais on apprécie mal combien l’expérimentalisme en psychologie n’est pas réductible
à ses usages cognitivistes. Si par cognitivisme, en effet, on désigne une
façon de voir l’activité mentale comme interne au cerveau, procédurale et
fonctionnelle, on aura du mal à donner sa juste place à la psychologie « écologique »
d’un Gibson : celle-ci, en effet, considère que l’information perceptive
traitée par l’organisme est déjà bien organisée dans la réalité. Ce qu’il
y a « dehors » pèse alors plus que tout
ce qui se passe en aval dans le cerveau (dont on ne nie pas l’importance).
Il y faut des dispositifs expérimentaux originaux, et non les moyens de l’imagerie
cérébrale, mais ceux de l’instrumentation psychophysique.
C’est peut-être dans cette direction qu’est en train de s’opérer une mutation qu’il est un peu vain de prévoir, mais dont certains linéaments, épistémologiques et sociologiques, sont en train de se mettre en place. En effet, de plus en plus de psychologues cognitivistes prennent conscience du caractère infiniment programmatique de leur entreprise, voué à converger, mais asymptotiquement, avec des objets psychologiques plus traditionnels (qu’ils soient de nature sociale, ou même, comme on vient de voir, psychophysiques). Mais ces objets se dérobent à la réduction cognitiviste, non pour les raisons savantes des philosophes de l’intentionnalité, mais sans doute d’abord à cause d’une complexité empirique décourageante. Dans le même temps, l’ivresse des inférences cognitiviste sur le contenu de la « boîte noire », malgré toute la subtilité du fonctionnalisme et les ressources du parallélisme neuroanatomique, pourrait bien finir par retomber. Retomber sur quoi ? Vraisemblablement sur ce que le cognitivisme a pensé un peu vite dépasser, le comportementalisme post-Skinner (décédé en 1990 sans avoir rien renié). Un néo-béhaviorisme cohérent se structure aujourd’hui, qui procède du constat que les seuls résultats scientifiques objectivés de la nouvelle psychologie sont validés au niveau des corrélations comportementales, et non au niveau du traitement de l’information sous-jacent, lequel reste hypothétique. Si l’on met ensemble ces deux remarques, et qu’on les replace dans le contexte actuel des sollicitations sociales très particulières adressées à la psychologie (la demande de bien-être psychique, de régulation des organisations, de facilitation du travail, notamment dans les interactions pratiques avec les machines, de maximisation, enfin, des performances des individus), il se pourrait que l’éclatement de « la » psychologie soit une phase dans un processus historique. Ce qu’il en ressortirait, cependant, ce n’est pas une « nouvelle psychologie » réconciliée avec elle-même. C’est une décantation plus nette entre ce qui revient aux bonnes vieilles technologies du contrôle et de l’ingénierie des interactions humaines, et ce qui n’aurait jamais dû être soustrait, il y a un siècle, aux sciences qui existent vraiment : la neurologie, la biologie, et la sociologie.